Un roman, un vrai, ne se résume pas. On peut tout juste en esquisser une ligne (en tirer un fil de récit), peut-être deux ou trois, mais pas la trame, pas tout le travail d’écriture (de maillage) qui constitue celle-ci. Un grand roman, c’est d’abord un travail du langage.
Avec Dans sa chair, nous suivons les « turpitudes boueuses » d’Ismaïl, cet « homme sur le point de vieillir » ; le lecteur explore, avec le narrateur, « la précieuse mémoire » intimiste d’hommes et de femmes, mais aussi la douloureuse mémoire politique et sociale du Maroc des années de plomb ; il avance dans un « monde » hanté par le corps disparu de Brahim, cet universitaire et militant de gauche liquidé sans jugement. Dans ce roman, nous sommes dans l’intimité d’une conscience mais nous sommes aussi dans la chair de l’écriture.